Les Fatimides sont une dynastie califale chiite ismaélienne qui prétend descendre de Ali Ibn Abi Talib et de Fatima, la fille du prophète Mahomet. Ils ont fondé leur califat en 909 en Ifriqiya (actuelle Tunisie) en renversant les Aghlabides, des vassaux des Abbassides sunnites.

Les Fatimides

Les Fatimides sont une dynastie califale chiite ismaélienne qui prétend descendre de Ali Ibn Abi Talib et de Fatima, la fille du prophète Mahomet. Ils ont fondé leur califat en 909 en Ifriqiya (actuelle Tunisie) en renversant les Aghlabides, des vassaux des Abbassides sunnites. Les Fatimides ont ensuite étendu leur influence sur une grande partie de l’Afrique du Nord, la Sicile et une partie du Moyen-Orient, en s’opposant aux Omeyyades d’Al-Andalus et aux Abbassides de Bagdad. Leur capitale était initialement Kairouan, puis Mahdia, puis Le Caire à partir de 969.

Le Maroc, quant à lui, était sous la domination des Idrissides, une autre dynastie alide fondée par Idris Ier, un descendant de Hassan, le fils aîné de Ali et Fatima. Les Idrissides ont régné sur le Maroc entre 789 et 985, avec Fès comme capitale. Ils ont été les premiers à introduire le chiisme au Maroc, mais ils ont aussi toléré le sunnisme et le malékisme. Les Idrissides ont été confrontés à plusieurs révoltes internes et à des invasions extérieures, notamment celles des Fatimides.

Les Fatimides ont tenté à plusieurs reprises de conquérir le Maroc, mais ils ont échoué à s’imposer durablement. Leur première tentative remonte à 917, lorsque le calife fatimide Al-Mahdi envoya une armée dirigée par son fils Al-Qa’im pour soumettre les Idrissides. L’armée fatimide réussit à prendre Fès, mais fut repoussée par les tribus berbères alliées aux Idrissides. Les Fatimides se retirèrent alors en Ifriqiya.

La deuxième tentative eut lieu en 925, lorsque le calife fatimide Al-Qa’im envoya une nouvelle armée sous le commandement de Habassa Ibn Zakariya pour renverser les Idrissides. Cette fois-ci, l’armée fatimide réussit à s’emparer de Fès et de plusieurs autres villes du Maroc. Les Idrissides furent contraints de se réfugier dans le Rif. Les Fatimides nommèrent alors Habassa comme gouverneur du Maroc et lui confièrent la mission de propager le chiisme ismaélien parmi la population.

Cependant, le règne des Fatimides au Maroc fut de courte durée. En effet, Habassa se révéla être un tyran impopulaire qui opprimait les habitants et pillait leurs biens. Il se heurta aussi à la résistance des tribus berbères qui refusaient d’abandonner leur foi sunnite ou malékite. En 937, une révolte éclata contre Habassa, menée par les Maghraouas, une tribu berbère zénète. Habassa fut tué lors d’une bataille près de Sijilmassa et les Fatimides perdirent le contrôle du Maroc.

La troisième tentative fut menée par le calife fatimide Al-Mu’izz en 958. Il envoya son général Jawhar al-Siqilli pour reconquérir le Maroc et chasser les Maghraouas qui s’étaient emparés du pouvoir après la mort de Habassa. Jawhar réussit à prendre Fès et à soumettre les Maghraouas, mais il dut faire face à l’émergence d’une nouvelle puissance au Maroc : les Omeyyades d’Al-Andalus.

En effet, les Omeyyades d’Al-Andalus avaient profité de la faiblesse des Idrissides et des Fatimides pour étendre leur influence au Maghreb. Ils avaient envoyé plusieurs expéditions militaires au Maroc pour y établir leur autorité et y diffuser le sunnisme. En 951, ils avaient même fondé la ville de Ceuta sur la côte méditerranéenne du Maroc. Les Omeyyades d’Al-Andalus étaient donc en concurrence directe avec les Fatimides pour le contrôle du Maroc.

Jawhar dut affronter les Omeyyades d’Al-Andalus lors de la bataille de l’Oued Nini en 958. Il fut vaincu et contraint de se replier en Ifriqiya. Les Omeyyades d’Al-Andalus consolidèrent alors leur présence au Maroc et y installèrent des gouverneurs. Ils firent aussi alliance avec les tribus berbères qui leur étaient favorables, notamment les Zirides, une branche des Maghraouas.

La quatrième et dernière tentative des Fatimides au Maroc eut lieu en 969, lorsque le calife Al-Mu’izz décida de transférer sa capitale de Mahdia au Caire, qu’il venait de conquérir. Il confia à son général Jawhar la tâche de pacifier l’Afrique du Nord avant son départ. Jawhar lança alors une campagne militaire contre les Omeyyades d’Al-Andalus et leurs alliés berbères au Maroc. Il réussit à reprendre Fès et à soumettre les Zirides, qui acceptèrent de reconnaître l’autorité des Fatimides et de se convertir au chiisme ismaélien.

Toutefois, cette victoire fut encore une fois éphémère. En effet, les Zirides se révoltèrent contre les Fatimides en 972, après la mort du calife Al-Mu’izz. Ils rompirent avec le chiisme ismaélien et se rapprochèrent des Omeyyades d’Al-Andalus. Ils repoussèrent les Fatimides hors du Maroc et fondèrent leur propre royaume, qui s’étendit du Maroc à l’Algérie. Les Fatimides ne tentèrent plus de reconquérir le Maroc et se concentrèrent sur l’Egypte et le Moyen-Orient.

Ainsi, le Maroc a échappé aux Fatimides grâce à la résistance des tribus berbères, à l’intervention des Omeyyades d’Al-Andalus et à la trahison des Zirides. Le Maroc a conservé son identité sunnite malékite et a évité de tomber sous la domination d’un califat chiite éloigné géographiquement et culturellement.