Le Maroc et l’Espagne accélèrent leur rapprochement à Rabat
Après des années de relations en dents de scie et une profonde crise diplomatique, l’Espagne et le Maroc ont décidé de consolider leur “partenariat stratégique” dans plusieurs domaines. Cette rencontre, la première de cette ampleur depuis 2015, a eu lieu à Rabat. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, accompagné d’une douzaine de ministres, est arrivé la veille pour dynamiser les échanges économiques et commerciaux entre les deux pays.
Les points clés de ce rapprochement sont les suivants:
- Coopération commerciale :
- Signature d’une vingtaine d’accords pour faciliter les investissements espagnols au Maroc.
- Le Maroc est devenu le principal partenaire commercial de l’Espagne en dehors de l’UE, après le Royaume-Uni et les États-Unis.
- Partenariats dans divers secteurs tels que l’agriculture, le transport ferroviaire, le tourisme, l’éducation et la culture.
- Nouveaux projets dans les énergies renouvelables et le dessalement de l’eau.
- Coopération migratoire :
- Baisse de plus de 25 % de l’immigration illégale en 2022 grâce à la coopération policière entre les deux pays.
- Accord visant à “normaliser totalement le passage des personnes et des marchandises” par les frontières maritimes et terrestres.
Ce rapprochement renforce les liens entre l’Espagne et le Maroc, bénéficiant à l’Europe, aux affaires et à la stabilité dans la région de la Méditerranée occidentale.
La crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc
La crise diplomatique entre l’Espagne et le Maroc a été marquée par des tensions et des contentieux dans plusieurs domaines. Voici quelques points clés pour comprendre cette situation :
- Hospitalisation de Brahim Ghali :
- En avril 2021, le chef du Front Polisario, Brahim Ghali, qui revendique la souveraineté sur le Sahara occidental, a été hospitalisé discrètement en Espagne.
- Cette hospitalisation a exacerbé les relations entre Rabat et Madrid, le Maroc considérant l’Espagne comme son premier partenaire économique.
- Relâchement des contrôles à la frontière avec Ceuta :
- En réponse à l’affaire Brahim Ghali, le Maroc a relâché les contrôles à la frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta.
- Plus de 8 000 migrants, principalement marocains, ont franchi cette frontière en deux jours en mai 2021.
- Le ministre marocain des affaires étrangères a déclaré que le Maroc n’était pas le gendarme de l’Europe.
- Conflits territoriaux :
- L’occupation de l’îlot Persil (ou Leïla) par l’armée marocaine et l’arraisonnement du yacht du roi Mohammed VI par la guardia civil espagnole dans les eaux de Ceuta ont également contribué aux tensions.
- Ces conflits sont plus graves que ceux des années 2002 et 2014.
- Enjeux postcoloniaux :
- L’Espagne n’a pas rétrocédé le Sahara occidental au Maroc lors de son départ de cette ancienne colonie, ce qui a créé des frictions.
- Le Maroc se sent parfois traité comme un supplétif par l’Espagne.
En somme, cette crise est à la fois diplomatique, territoriale et postcoloniale, et elle peut encore s’aggraver.
